“L’autre n’est pas à connaitre”, selon Barthes. En effet, l’amour est trop souvent vu comme compréhension totale de l’autre. Cela mène à beaucoup de déceptions. L’autre est inconnaissable, il faut l’accepter.
Et comme le dit Barthes, “il ne me reste plus qu’à renverser mon ignorance en vérité. Il n’est pas vrai que plus on aime mieux on comprend. Ce que l’action amoureuse obtient de moi, c’est seulement cette sagesse, l’autre n’est pas à connaitre, son opacité n’est nullement l’écran d’un secret mais plutôt une sorte d’évidence en laquelle s’abolit le jeu de l’apparence et de l’être”
L’amour ne doit pas, ne peut pas être connaissance et compréhension de l’autre. La joie ne doit pas venir d’un rapprochement, d’une fusion avec l’autre mais l’amour doit plutôt être cette “exaltation d’aimer à fond quelqu’un d’inconnu et qui le reste à jamais. Mouvement mystique”.
Barthes pose une question d’importance:
“Qu’est ce que cela donnerait si je décidais de te définir comme une force et non comme une personne? Et si je me situais moi même comme une force en face de ta force. Cela donnerait ceci: mon autre se définirait seulement par la souffrance ou le plaisir qu’il me donne.
Aimer, séduire, c’est répondre à une force. C’est un mouvement permanent.
L’expérience d’actrice de Céline Salette est éclairante: elle révèle qu’elle découvre des parties d’elle même qu’elle ne connaissait pas avant. L’opacité à soi même est aussi une expérience mystique. C’est le merveilleux du travail d’acteur.
Voilà pourquoi espérer aimer ou séduire d’avantage grâce à une meilleure compréhension du sexe opposé est un leurre.