Je vérifie une énième fois si j’ai bien mon bloc-notes sur moi et un stylo qui pourra retranscrire la fabuleuse rencontre que je m’apprête à faire. Je me sens comme Daniel Malloy, me préparant à recueillir l’expérience de Louis, entre fascination et mystère, j’entre dans l’antre du fauve.
Les quelques secondes qui me séparent de ma rencontre me paraissent être une éternité. Peut-être une attention du cerveau pour me prévenir, temporiser, m’aider à me préparer au mieux.
Une fois entré dans la pièce, je me retrouve alors face à 1 million d’années d’évolution. Plus précisément une branche de l’évolution de la femme axée sur l’attraction, la séduction… La prédation !!! Pour répondre aux incrédules, ce n’est évidemment pas Eve que j’ai en face de moi mais bien une femme cougar, vêtue d’une longue robe rouge pour nourrir les stéréotypes que je m’en étais fait, et dont l’appellation est sortie de l’ombre depuis le début des années 2000. Comme si cette « espèce » avait toujours vécu parmi nous, tapie dans l’ombre, préservant son pouvoir par l’aspect secret de sa nature. Aujourd’hui, oscillant entre stigmatisation et popularisation, la femme cougar peut attirer comme faire naître des propos des plus péjoratifs.
Je considère la cougar comme le Grand requin blanc nageant dans les eaux troubles, le Tyrannosaure du Jurassique, juste insatiable, un être dominant son environnement et se plaçant au sommet de la chaîne alimentaire: une véritable machine à séduire. C’est ainsi que je vois la femme cougar. Une prédatrice dépourvu de la plupart des besoins matériels (car elle y subvient d’elle-même) dont chaque cellules, chaque molécules qui la constituent, tendent à attirer, séduire, pour satisfaire son appétit. Des femmes d’exception qui ne vivent pas si loin de chez vous, l’expérience est souvent au pas de notre porte.
Vais-je lui servir de 4h alors me diriez-vous ? Non… Je peux commencer mon interview sans crainte car entre prédateurs, on ne se dévore pas.
Voici donc un extrait de l’entretien que j’ai eu avec Céline, une femme cougar âgée de 39 ans. Je rentre dans le vif du sujet en vous exposant les réponses, à mes yeux, les plus pertinentes, pour savoir comment chasse une cougar et mieux comprendre sa philosophie de séduction.
Moi: Qu’est-ce qu’être une femme cougar pour toi ?
Céline: « Au début, il faut avouer que je n’aimais pas trop ce terme, je le trouvais un peu trop vulgaire. Ensuite je me suis dit que si les gens avaient ce besoin de nous identifier, c’était que quelque part, on faisait la différence. Je pense qu’être une cougar, c’est avant tout ne pas avoir peur du regard d’autrui. C’est assumer et asseoir pleinement son pouvoir. Ce qui gêne les hommes en vérité, c’est le fait de savoir qu’une femme utilise un mâle pour des plaisirs physiques ou émotionnelles et non pas pour s’assurer un confort matériel et une pérennité sociale. C’est cette indépendance qui en frustre certains…. Donc pour répondre à ta question, être une femme cougar c’est avoir le pouvoir de choisir un mec juste pour le plaisir. »
Moi: Donc plus jeune ?
Céline: « Evidemment. Comment les gens verraient qu’on a du pouvoir sinon ? Tu connais beaucoup de femmes qui peuvent attirer des hommes bien plus jeunes qu’elles alors que leurs propres corps commencent à faner ? Combien de femmes trentenaires peuvent se vanter de remporter la compétition face à des minettes toutes fraîches de 20 ans ? [Rire] Et Les jeunes ont une imagination bien plus fertile pour ce qui est du reste. »
Moi: Quels sont tes lieux de chasse de prédilections ?
Céline: « Les bars et surtout… Les clubs de fitness !! J’aime être avec des partenaires en forme physiquement, qui font attention à leur santé. J’ai eu ma période du Net, mais beaucoup trop on juste le fantasme de parler avec une cougar plutôt que de vivre l’expérience même. Sans doute pour se vanter auprès de leurs amis sans trop se mouiller. »
Moi: Je m’attendais à ce que tu me dises les boîtes de nuit…
Céline: « Oué…Bof…Pour tout te dire, je ne suis pas fan. Je trouve que le jeu de séduction est limité par beaucoup de facteurs. Le bruit, la luminosité, les gens bourrés à mort, etc. »
Moi: Haha, ce sont des avantages pour certains.
Céline: « [Rire] Pas pour ma tactique. »
Moi: Justement, parlons tactique. Quel est ton type de proie et comment fais-tu pour l’avoir ? N’hésite pas à détailler.
Céline: « Alors mon type de proie, c’est très simple. De 22 à 28 ans maxi. Il faut qu’il soit sûr de lui, tenace et audacieux. Pas de timide, je ne suis pas le genre de cougar qui va jouer le rôle de mentor sexuel. Pour ce qui est de ma tactique, on est bien sûr dans un contexte de soirée… Je commence par la phase discussion, je réponds, je pose des questions, je relance. Deuxième phase, au fil de la discussion, je glisse de plus en plus de sous-entendus, d’allusions. Je lui raconte des anecdotes coquines ou préférences sexuelles. Il sait ainsi que je n’ai pas peur d’en parler et je peux aussi mesurer s’il n’a pas froid aux yeux lui aussi. La troisième phase c’est la coupure. Je ne m’adresse plus à lui et je fais ma soirée de mon côté, sans même le regarder, comme si je ne l’avais jamais connu. [Rire] Je peux te dire qu’à ce moment précis, il mijote. La quatrième phase commence quand il revient à la charge. La particularité de cette phase est que l’on ne fait que lui demander des services, souvent j’en demande 5. Du genre, tu peux me servir tel cocktail, tu peux m’apporter les gâteaux apéritifs qui sont là-bas, tu peux garder mon sac un instant je sors fumer… Cette technique le place carrément à mon service. La cinquième et dernière phase est la gestuelle osée. Je m’arrange toujours à être dans son champs de vision, regard plus que soutenue, mordillement des lèvres, briquet dans le soutif. S’il ne craque pas, j’utilise la danse suggestive avec une amie et là… C’est imparable !!! Voilà, à la fin, ma proie n’en peut plus et m’embrasse la plupart du temps ou au mieux, me fait une proposition indécente pour la nuit [Rire]. »
Moi: Je vois que ton plan de chasse est parfaitement rodé. Mais s’il ne revient pas pour la phase 3, que fais-tu ?
Céline: « Je change de cible, ce qui multiplie non seulement mes chances de faire mouche avec le 2ème choix mais aussi de faire réagir le 1er en me voyant « switcher ». En soirée, il faut toujours avoir 3 cibles. Toujours. »
Moi: [Rire] Je te rejoins sur beaucoup de points. Notamment sur la pluralité des cibles. Ta quatrième phase est particulièrement intéressante. En demandant à ta cible autant de services, tu mets en place de manière subtile un système d’action-récompense. Lui, par la suite, « estime » avoir le droit d’obtenir « quelque chose » de toi en retour. Et souvent il formule ça par un baiser ou une invitation sexuelle ouverte. Ingénieux.
Céline: « [Rire] Je n’ai pas la même profondeur d’analyse que toi mais ça doit être ça. »
Moi: Tu sais, je suis très à cheval sur les explications et motivations profondes de chaque individus. J’aime comprendre le but… Au final, qu’est-ce que tu recherches à travers ce mode de vie ? Qu’est-ce que cela t’apporte ? Une façon à part entière de rester jeune ?
Céline: « Oui… Il y a un peu de ça. J’aime me sentir désiré. Et se sentir désiré par une personne bien plus jeune que soi, nous montre à quel point notre pouvoir de séduction n’a pas flanché. Oui, c’est une façon de ne pas vieillir et je l’assume complètement… Quoi de plus beau que de braver le temps ? »
Moi: Effectivement. La quête de l’immortalité restera une obsession pour l’Homme, aussi longtemps que le voile de la Mort ne sera pas défait. Je le vois aussi de cet œil, métaphoriquement, tu te nourris de proies plus jeunes pour garder ta vitalité. C’est une représentation que l’on retrouve dans plusieurs mythologies, Chronos dévorant ses propres enfants, qui étant lui-même maître du temps. Il y a beaucoup de récits décrivant des monstres immortels se nourrissant d’enfants. [Rire] Je ne suis pas du tout en train de dire que tu es un monstre. J’explique juste le fait qu’on retrouve ce processus, en tout temps, toutes cultures, de renouvellement vital par la « consommation » d’un être plus jeune. Il y a aussi derrière cela, une histoire de beauté. Tu te nourris du désir d’un jeune homme car il replacera alors ta beauté dans un temps qui est le sien. Ce qui reviendrait à dire que le temps n’applique pas sa tyrannie sur toi. Immuable, tel une oeuvre de Vermeer, la beauté pure.
Céline: « [Rire] Tu as une façon très atypique de nous peindre, nous, les cougars. J’aime vraiment… Si tu n’étais pas autant calé sur la séduction, cela ferait longtemps que tu aurais vu mes crocs [Rire]. »
Moi: [Rire] C’est bien la première fois qu’une proie va alors remercier son prédateur de l’intention qu’il lui porte. Merci pour cette interview Céline, ce fût un réel plaisir.
Céline: « Merci à toi Olivier. »